autour du spectacle :
Ven. 11 déc. : rencontre avec Christophe Dejours, psychiatre, directeur de la chaire « Psychodynamique du travail et de l’action » au CNAM.
Sam. 12 et dim. 13 déc. : projections et débats à l’initiative du Festival international Filmer le travail.
Mar. 15 déc. : rencontre avec Rachel Saada, avocate, spécialiste en droit social
« Très nombreux, chacun seul », ainsi peut-on résumer le sentiment que partage la majorité d’entre nous au travail. Nombreux dans l’entreprise, dans sa profession, mais seul face à son travail, face à soi-même.
S’emparant de paroles populaires et de pensées empruntées à des poète, philosophe, chercheur et journaliste, Jean-Pierre Bodin et ses complices racontent l’état du monde du travail. Et si ce monde génère de la souffrance, il n’y a pas de fatalité !
Essayons !
La geste du geste
Un poème hommage à l’ouvrage de l’ouvrier
Sur la dignité du travail
Sur la fierté d’être précis et le précieux du faire
Sur le bonheur d’être par son action utile et au cœur de la communauté, indissociablement lié à elle
Sur la fraternité aujourd’hui oubliée : l’autre est nuisance dit-on
Sur l’espoir de retrouver un vrai et juste temps, un vrai et juste espace pour que se développent les choses humaines.
Un chant joyeux contre ceux qui bafouent le vivant. Se dresser avec des poèmes, des pensées, des chants, des images de vraies vies et de la musique, pour que cesse l’arrogance de ceux qui détruisent la pensée, l’âme, le cœur et le corps des femmes et des hommes.
Au départ de ce nouveau cru, notre désir de parler du monde ouvrier. Nous voici partis à la rencontre d’ouvriers, à Saint Junien, Sommières, Melle, Niort, Châtellerault, Chauvigny… avec nos carnets de notes, notre micro et pour la première fois avec une caméra pour glâner témoignages, gestes d’hommes au travail, visages, usines. Nous voici aussi plongés dans les textes de Simone Weil, Henri Chombard de Lauwe, Christophe Dejours, François Bon, Bertolt Brecht, Etienne de La Boétie, au festival « filmer le travail », ou fouillant dans L’inventaire des mémoires ouvrières de Poitou-Charentes.
Peu à peu s’est dessinée une direction plus précise, et nos recherches se sont concentrées une fois de plus à Chauvigny (ville fondatrice du Banquet de la Sainte-Cécile et par laquelle repassent tous les spectacles suivants). Nous découvrons en effet un article de Sonya Faure, journaliste à Libération, retraçant la vie d’un homme et de l’entreprise qui l’emploie. Cet homme se nomme Philippe Widdershoven, il était à la fois directeur informatique et délégué CGT au sein de la fabrique de porcelaine de Chauvigny. Il se donne la mort le 24 mars 2009, en laissant une lettre sur son lieu de travail demandant à ce que son suicide soit reconnu comme accident du travail. Et, fait rarissime, son acte est déclaré comme tel par l’entreprise.
La question de la souffrance au travail s’impose alors comme incontournable.
Le sujet nous amène à Christophe Dejours (chercheur, psychiatre spécialiste de la souffrance au travail) qui accepte d’être « mis en scène » et filmé pour que sa parole, sa pensée de chercheur, vienne sur le plateau éclairer le récit.
Aujourd’hui, le spectacle s’articule autour de pensées diverses (paroles populaires, journalistiques, scientifiques, philosophiques, poétiques), d’images de jardins ouvriers, d’usines, de visages, de gestes de travailleurs. Jean-Louis Hourdin (metteur en scène, « délégué de la parole des poètes »), Roland Auzet (compositeur) et Cécile Bon (chorégraphe) nous accompagnent pour raconter par le théâtre et, toujours entre rires et larmes, cet état des lieux du monde du travail.
Mais comme le dit si bien Christophe Dejours : « Il n’y a pas de fatalité » ! Le théâtre permet aussi de rester debout et donner à entendre et à voir un chant joyeux contre ceux qui bafouent le vivant.
Jean-Pierre Bodin et Alexandrine Brisson
CINEMA
Tous publics ‧ Documentaire ‧ 1 h et 40 min
L'usine PSA Peugeot-Citroën de Saint-Ouen produit près de 800 000 pièces automobiles par jour. Intrigué par le son des machines, Nicolas Frize entreprend de composer sur place une musique originale. C'est également l'occasion de faire le portrait d'ouvriers, aliénés au travail et de la frustration qu'il génère. Certains veulent s'enfuir, d'autres acceptent leur sort avec résignation. Tous regrettent le peu de traces qu'ils laisseront par leur travail et le manque de créativité...
Séances pour "C'est quoi ce travail ?" Jusqu'au lundi 16 nov.