PELT aux Entretiens francophones de la psychologie- FFPP- Lille- Octobre 2017
Entre identité professionnelle et identité de métier, jeux et enjeux du travail de psychologues
Symposium soutenu par l’association PELT, le 19 oct. 2017
Cinq psychologues de profession, avec des identités de métier (psychologue du travail, psychosociologue, psychologue clinicienne) et des fonctions différentes (enseignante- chercheuse et praticienne, praticiennes-chercheuses) ont proposé un symposium transverse, soutenant l’hypothèse que les questions concernant le politique, au sens de la vie dans la cité, de même que celles concernant l’organisation et la formation sont transverses à la profession :
Symposium : Muriel Bienvenu, Claude Crestani, Florence Giust-Desprairies, Anne-Sylvie Grégoire, Priska Lutumba, Annie Mahan Sy.
Argument:
Les activités des psychologues sont traversées par les Institutions, entendues comme « systèmes de représentations qui viennent soutenir et légitimer les activités sociales que sont soigner, produire, éduquer, former, gouverner, surveiller ». (J. Barus Michel, 1996). En ce sens, les Institutions sont des systèmes symboliques qui viennent coder les échanges et des pratiques, de façon durable. Le terme d’institution définit également les organisations chargées d’incarner ces systèmes de représentations, par exemple les collectivités territoriales, l’inspection du travail, les agences régionales de santé (ARS). Les Institutions sont elles-mêmes en crise, en perte de vitalité et de centralité, quand elles ne sont pas défaillantes. A quelles places assignent-elles aujourd’hui les psychologues? Quelles commandes adressent-elles à la profession? Comment les représentations sur l’identité de psychologue viennent-elles influer sur ces commandes? Et côté psychologue, comment se déplacent les professionnels entre leurs différentes identités et attendus de place pour tenter de transformer les assignations au service d’un travail porteur d’espoir et d’action ? Au fond, comment travaillent les psychologues, au jeu des Institutions, pour répondre à leurs missions ?
Le symposium soutenu le 19 octobre avait pour but de témoigner de certains processus mobilisés pour construire, affirmer l’identité de psychologue et les identités spécifiques de métiers, comme des instruments pour développer un pouvoir d’agir soutenant et instituant.
Muriel Bienvenu et Annie Mahan Sy, exerçants en libéral, ont soutenu l’hypothèse que, dans les contextes de crise traversés dans leur activité, le psychologue ne peut se soutenir et soutenir l’autre que par un effort permanent d’auto-institution.
Priska Lutumba et Anne-Sylvie Grégoire ont témoigné du processus de reconfiguration et de co-production de place du psychologue en équipe pluridisciplinaire de santé au travail, en s’adossant à la fois sur les prescriptions et les ambiguïtés du double système institutionnel Santé et Travail.
A partir d’intervention dans le secteur de la fonction publique territoriale, Claude Crestani a témoigné de la façon dont l’identité de psychologue se trouve assignée au cœur de l’institutionnalisation de la « crise perpétuelle », et comment arrimer la pratique à la question du travail peut ouvrir des voies du dégagement, pour les professionnels comme pour le psychologue.
Florence Giust-Desprairies est intervenue en grand témoin à partir de ses spécialités de recherche : les processus de crise ; clinique du lien social dans les organisations et les institutions ; significations imaginaires et mutations sociales. Elle a discuté en particulier la pertinence pour la profession d’investir à la fois la clinique intra et inter-psychique et la clinique institutionnelle.